La robe rouge de Sophie virevolte

Moi, j'ai deux héros

Avant, j’étais un père avec deux enfants. Et je n’avais pas de héros.

Et puis l’après midi de la mort de Sophie, Pelot a disparu dans notre maison. Oh pas longtemps, juste le temps de sortir deux affaires de la voiture et de me rendre compte de son absence. Puis il est réapparu avec Tortillon à la main. « Tu étais où mon bébé ? » « Je ne savais pas si j’arriverais à entrer dans la chambre de Sophie, j’avais peur de ce que j’allais trouver. Alors j’y suis allé, j’ai ouvert la porte, je suis rentré». Il n’y avait aucune fanfaronnade dans sa voix. Moi, à même pas onze ans, j’aurais été incapable d’ouvrir une porte avec l’idée que, derrière, il y avait peut être ma mère morte. Pelot est devenu mon héros.

L’après midi des obsèques, la chaleur était implacable, nous cherchions tous l’ombre sur le parking avant d’entrer. Nous savions qu’il fallait quitter l’ombre et nous mettre en marche pour le vrai dernier voyage, mais, instinctivement, nous retardions ce moment. Alors Herrena a bougé la première. Elle portait une robe rouge de Sophie et tenait l’urne avec les cendres dans ses bras, fermement. Elle est entrée dans le cimetière d’un pas décidé et derrière, nous l'avons suivie. Dans la lumière et la chaleur, Herrena est devenue mon héroïne.

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