- Brouillons
Printemps et cloches
Le printemps chez nous, c’est de la vraie pluie, violente, irrégulière, avec des rayons de soleil qui percent les nuages noirs de manière fulgurante puis disparaissent, un ciel bleu pommelé de gros nuages blancs qui se transforme en un ciel tout noir le temps d’un coup de vent de l’océan. Le printemps chez nous est très variable, de très humide à franchement inondé. Le printemps est une saison instable. Cette fin d’après midi là, je nettoyais du plat de la main les grains de sable que la pluie avait collés violemment sur la petite case de Sophie. Il ne pleuvait plus ou pas encore. Et j’ai entendu l’angélus au loin. Je ne pensais pas que l’angélus se sonnait encore. Cela m’a semblé complètement anachronique et décalé ces cloches qui battaient avec entrain, avec vigueur - allez la journée est finie, on rentre chez soi - complètement décalé dans ce village en bordure de l’océan où plus personne ne cultive la terre, où les gens prennent leur voiture pour aller travailler ailleurs. Et pourtant il y a eu un rayon de soleil sur le cimetière à cet instant, vite chassé par un nuage, et pourtant la porte de la petite case était nette maintenant sous ma paume, et ces cloches qui sonnaient n’étaient plus si incongrues. Ce n’était sûrement pas un instant de paix ou de sérénité. C’était plus, je pense, un instant où, dans un lieu que mon intellect refuse toujours complètement –Sophie n’a rien à faire dans cet endroit, -mes sens étaient pleinement dans l’instant présent, satisfaits de ce calme au milieu de ces jours instables.
Ecrit par PRAX, le Lundi 25 Avril 2005, 18:28 dans la rubrique "Il faisait chaud".
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